La Vita sancti Egidiiii– rédigée vers le Xe siècle par un moine de l’abbaye provençale – rapporte que Gilles est né à Athènes, en Grèce, où des parents d’une illustre famille l’élèvent dans la piété. Aussi, très jeune, Gilles fait des miracles : il donne son manteau à un pauvre malade qui se relève en bonne santé, il guérit un homme mordu par un serpent et un autre atteint de fièvres.

Devant la popularité que lui procurent ces miracles, Gilles décide de fuir. Il se rend au bord de la mer et y découvre un navire perdu dans une tempête : par sa prière, celle-ci s’apaise et les marins reconnaissants le prennent à bord.

A peine débarqué, Gilles rejoint Arles où il guérit une jeune fille puis se met sous la conduite de l’évêque du lieu, saint Césaire, qui l’instruit et l’ordonne prêtre.

Pour gagner en perfection, Gilles se retire dans un ermitage caché dans les gorges du Gardon, en amont du Pont du Gard (on montre deux ermitages dans lesquels Gilles aurait vécu, l’un au-dessous de Sanilhac au lieu-dit la Beaume, l’autre près de Collias, à Notre-Dame de Laval) Il y vit en compagnie de saint Vérédème, grec lui aussi. Pendant son séjour, Gilles fait pleuvoir en temps de sécheresse et guérit un paralytique. Pour fuir la popularité que lui valent ces miracles, Gilles s’enfuit.

Nous retrouvons Gilles dans un ermitage situé à proximité de la ville éponyme. Dans un lieu sauvage, au cour d’une épaisse forêt, Gilles vit dans la prière et le recueillement. Une biche lui sert de nourrice.

La paix règne en ce lieu jusqu’au jour où un roi wisigoth, Flavius WAMBA, décide de se livrer au jeu de la chasse. La biche est découverte, elle fuit et se réfugie, tremblante, apeurée, auprès du saint. La profondeur du sous-bois, l’épaisseur du taillis, rend la biche invisible. Pensant l’effrayer et la faire ainsi sortir de sa cachette, un chasseur imprudent lance une flèche dans sa direction. Le dard atteint Gilles qu’on découvre peu après, blessé. Pour se faire pardonner, le roi fait construire une abbaye dont Gilles devint le premier abbé. Son renom amène à lui un grand nombre d’hommes assoiffés de Dieu et atteint Charlemagne en personne.

L’empereur a commis une faute si grave qu’il n’ose l’avouer à personne. Il fait appeler Gilles. Celui-ci quitte son abbaye et remonte vers le nord par les Cévennes, l’Auvergne et le Berry. La tradition locale rapporte que, à son passage à Portes, il guérit une femme et que c’est pour ce motif qu’il fut ensuite choisi comme patron de l’église du lieu.

Enfin Gilles atteint Orléans. Il pénètre dans la cathédrale Sainte-Croix et chasse les démons d’un homme qui était devenu si fou qu’il était nu.

Puis, pendant qu’il célèbre la messe devant l’empereur, un ange apporte sur l’autel un billet sur lequel est inscrit le péché commis par Charlemagne et lui accordant le pardon à condition qu’il n’y retombe pas. Il est écrit aussi que quiconque invoquera saint Gilles sera absous de ses fautes.

Après avoir réconcilié Charlemagne, Gilles s’en retourne dans son monastère en ressuscitant le fils du prince lors de son passage à Nîmes.

Puis, craignant que l’évêque voisin importune son abbaye, il se rend à Rome mettre sa maison sous la protection directe du pape. Celui-ci, en signe d’amitié, lui remet deux magnifiques portes en bois pour le grand porche de son église en construction. Embarrassé par un tel cadeau, Gilles fait jeter les portes dans le Tibre. Il les retrouve intactes, dans le port proche de son abbaye, après un voyage miraculeux.

Sur le chemin du retour, fatigué par la traversée des Alpes, Gilles se repose à Cavaillon (Vaucluse) pendant trois jours. En souvenir de cette halte, une foire se tient à Cavaillon, aujourd’hui encore, pendant trois jours autour du 1er septembre, date de la fête du saint.

A sa mort, le corps de Gilles est enseveli dans un sarcophage de pierre que les pèlerins viennent vénérer en foule.

Bibliographie non exhaustive :

iOn doit à Guillaume de Berneville, un clerc dont la famille était originaire de Berneville, la Vie de saint Gilles datant d’environ 1150, d’après sa biographie latine, la Vita sancti Egidii. À partir de l’original, Guillaume donne un récit détaillé, dramatique et pittoresque de la vie du saint où les moindres incidents sont prétextes à des descriptions abondantes et inattendues.