Linguaglossa, 1923 : quand Sant’Egidio arrêta la lave

LINGUAGLOSSA (Sicile), 1923 — En cette année-là, l’Etna entra de nouveau en éruption. L’un des volcans les plus actifs au monde, situé au cœur de la Sicile, déversa ses entrailles en direction du nord-est, et la lave, lente mais implacable, se dirigea droit vers le bourg de Linguaglossa. L’inquiétude gagna rapidement les quelque 6 000 habitants de cette commune agricole, adossée aux pentes du volcan.

À mesure que les jours passaient, la coulée descendait, noire, fumante, brûlant forêts, champs et chemins, et se rapprochait dangereusement des premières habitations. Les autorités locales, impuissantes, ne purent que constater l’avancée du magma. Face à cette menace naturelle, les habitants n’eurent qu’un seul recours : la prière.

Un village en prière
Dans un élan collectif, les villageois se rassemblèrent autour de leur saint patron, Sant’Egidio Abate (Saint Gilles). Depuis des siècles, ce saint est vénéré à Linguaglossa comme protecteur de la communauté. Alors que la lave semblait prête à engloutir le village, une procession extraordinaire fut organisée.

La statue en bois polychrome de Sant’Egidio fut solennellement sortie de l’église mère. Portée par les hommes du village, entourée de cierges, de chants religieux et de cris d’imploration, elle fut conduite en direction de la coulée de lave, jusqu’aux limites mêmes du village. Certains témoins diront plus tard avoir senti « un souffle d’arrêt » dans l’air.

Le tournant inattendu
Et puis, à ce moment précis, alors que les fidèles imploraient l’aide divine, la lave ralentit, puis dévia son cours, épargnant miraculeusement le village. Ce changement soudain, totalement inattendu par les volcanologues et les autorités locales, fut interprété par la population comme une intervention directe du saint. Un miracle, selon les mots de nombreux habitants.

Depuis, cet épisode reste gravé dans la mémoire collective de Linguaglossa. Chaque année, le 1er septembre, jour de la fête de Sant’Egidio, la ville rend hommage à son protecteur lors d’une procession qui rappelle cet épisode dramatique de 1923.

Une foi plus forte que la lave
Aujourd’hui encore, les anciens racontent cette histoire avec émotion. Dans une Sicile souvent marquée par les caprices de la nature, l’événement de 1923 est devenu un symbole : celui d’une communauté unie par la foi, qui a cru en la puissance protectrice de son saint — et qui, selon elle, fut entendue.

 

En juin 2025, une délégation est venue à Saint Gilles pour commémorer l’évènement avec un « mémorial » gravé dans la lave de l’Etna

… et 100 ans plus tard, une délégation de Saint-Gilles-du-Gard et d’autres localités liées à Sant’Egidio (Saint Gilles) ont célébré l’évènement !

Et un film d’archives d’époque !